Source : France 2
Le spécialiste des questions terroristes Jean-Charles Brisard revient sur le dispositif des fiches S et sur les mesures à mettre en place pour rendre la lutte contre le terrorisme plus efficace selon lui.
Après la fusillade de Strasbourg (Bas-Rhin) mardi 11 décembre, la polémique sur la surveillance des fichés S est relancée. Mais selon Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme, c’est « un mauvais procès ». Selon lui, les fiches sont des « outils, des marqueurs pour les services de renseignement, des outils de travail. Typiquement, on va suivre des individus et grâce aux fichiers on va pouvoir suivre l’évolution de ces individus. En aucun cas ces fichiers ne permettent de prévenir les attentats », précise-t-il. De même, ces fichiers « n’ont aucune conséquence juridique ».
L’état d’urgence n’est pas la solution
Les individus radicalisés sont très bien détectés aujourd’hui. « On a plus de 20 000 individus signalisés au titre de la radicalisation. Ce qui est en cause aujourd’hui c’est le suivi (…) et on est face à un phénomène de masse », précise le spécialiste. « On ne suit que le haut du spectre », détaille-t-il. Pour lui, il faudrait confier des responsabilités à d’autres acteurs, comme les maires qui ont « des capteurs locaux (…) car on est face à un problème qui est massif et durable ». La menace terroriste en France reste très forte. « Il n’y a pas de corrélation entre les reculs territoriaux des organisations jihadistes sur zones en Syrie et en Irak et l’intensité de la menace ici. C’est la raison pour laquelle tout ce qui est proposé, notamment en termes d’état d’urgence, cela n’a aucun sens parce que ce serait en réalité installer un état d’urgence permanent (…) et céder au chantage terroriste ».